Nichée dans une petite rue sinueuse des collines de Nice, La Locanda n’est pas qu’un simple restaurant italien : c’est une adresse confidentielle que l’on s’échange entre initiés, une pépite authentique à deux pas de la ville mais totalement coupée de son agitation. Domaine privé des amateurs de cuisine italienne familiale et généreuse, la Locanda occupe une position discrète, presque cachée, au 16 avenue Robert Schuman, dans le quartier de Saint-Philippe. Si l’on ne vient pas à La Locanda par hasard, c’est bien parce que sa localisation contribue à la magie du lieu : pas d’affichage tapageur ni d’enseignes lumineuses, seulement le charme discret d’une maison entourée de verdure.
L’arrivée sur place a tout d’un voyage. Les petites artères des collines dévoilent peu à peu la façade chaleureuse du restaurant. Depuis la rue Robert Schuman, en hauteur, la quiétude règne. Ici, on oublie le tumulte du centre-ville pour redécouvrir l’ambiance d’un village méditerranéen, où le temps semble ralentir. Dès l’entrée, c’est l’invitation à la décompression : une grande terrasse ombragée sous quatre tonnelles accueille les convives, à l’abri de la canicule ou d’un zéphyr venu de la mer. Cet espace aéré, ponctué de touches florales et de tables simplement dressées, prolonge la salle intérieure et intensifie ce sentiment d’être loin de tout, enveloppé dans un cocon champêtre, presque hors du temps.
Loin de la circulation et du bruit urbain, le jardin s’étend à flanc de colline, protégé des regards par la végétation. Ici, la terrasse n’est pas un gadget, mais le cœur vivant du restaurant. Par beau temps, c’est tout un microcosme qui s’anime : familles, couples, amis profitent du calme, entre rires étouffés et senteurs de cuisine italienne. Les oiseaux partagent la scène avec les clients, les éclats de voix se mêlent à ceux des couverts, créant une atmosphère de bien-être rare à Nice.
On comprend vite pourquoi cette adresse ne ressemble à aucune autre : elle est construite sur la convivialité et la discrétion. Ce sont les habitants du quartier, les connaisseurs, qui s’y retrouvent, attirés par la promesse d’une escapade gourmande dans un lieu authentique.
Accueil et cadre : l’auberge italienne à la niçoise
À l’intérieur, la salle prolonge cette sensation d’authenticité : murs chauds, images et tableaux originaux réalisés par des artistes locaux et une cave à vins qui s’offre au regard, débordante de flacons soigneusement choisis. Des jambons et saucissons artisanaux pendent au plafond, ajoutant à l’ambiance d’auberge italienne intemporelle. On ressent tout de suite la patte du chef et propriétaire, Paolo Bonizzoni, qui signe ici un décor à la fois cosy, créatif et personnel. Lui-même passionné de mosaïque et de peinture, Paolo a voulu faire de La Locanda un écrin à son image : chaleureux, graphique, soigné mais sans chichi.
La disposition des tables et la lumière naturelle qui filtre à travers les verrières donnent à l’ensemble l’allure d’une maison de campagne, particulièrement appréciée des Niçois en quête de nature et de tranquillité. Une fois assis côté jardin, vous avez vraiment l’impression d’être à l’écart de la ville, perdu dans un petit coin d’Italie.
Une cuisine qui sent bon l’Italie authentique

La Locanda écrase la concurrence par sa générosité et la qualité de son offre gastronomique. Ici, la carte se renouvelle au fil des saisons, et tout, absolument tout – sauf les glaces ! – est fait maison. La fraîcheur des produits est un véritable credo : des antipasti aux viandes, des plats de poissons à l’incontournable pain maison, chaque assiette célèbre la simplicité et la précision des grandes recettes italiennes.
Ce soir-là, nous avons choisi de commencer par une assiette de charcuterie italienne. Un choix qui s’impose naturellement : la découpe minute dévoile la finesse des jambons Rovagnati, les saveurs robustes du saucisson piémontais, la gourmandise du speck et la profondeur du parmesan affiné. Associés à un peu de pain craquant, ces mets ouvrent le palais à la suite du repas.
Pour le plat principal, ma compagne s’est laissée tenter par le cochon de lait rôti et ses petites pommes de terre – une assiette raffinée où la tendreté de la viande, lente à cuire, se marie à la cette texture fondante et grillée des pommes de terre nouvelles. S’y ajoutent quelques légumes de saison, croquants et parfumés, pour une dégustation qui célèbre la simplicité en cuisine mais sans jamais verser dans le banal.
J’ai opté quant à moi pour un grand classique revisité : les raviolis au mérou, nappés d’une bisque de gambas. Farcis d’un poisson délicat, les raviolis maison révèlent un équilibre subtil de saveurs, relevé par une bisque profonde, presque iodée, qui rappelle les origines vénitiennes et piémontaises du chef. Difficile de faire plus méditerranéen, tant l’alliance des produits et la précision de la cuisson évoquent la côte italienne et ses plaisirs simples.
Un service et une mise en scène dignes d’une grande maison

À La Locanda, le service est à la hauteur de l’assiette, dirigé avec élégance et convivialité par Audrey, la compagne du chef. L’équipe, jeune, professionnelle, veille à ce que chaque détail compte : un conseil de vin, un sourire au moment du dessert, l’adaptation spontanée à chaque demande, tout contribue à créer ce climat détendu qui fait le bonheur des habitués. Ici, on ne se contente pas de servir, on accueille – et cela change tout.
Le point d’orgue du dîner est sans doute la préparation à table du tiramisu. Plus qu’un dessert, c’est un spectacle : devant le client, Audrey vient monter, sous vos yeux, une crème de mascarpone onctueuse avec des œufs battus, rajoutant biscuits, café et cacao à la minute. Cela donne un tiramisu d’une fraîcheur inégalée, crémeux et savoureux, dont la texture vaporeuse fait l’unanimité. Preuve du sérieux de l’établissement : la glace proposée à ma compagne – deux boules aux parfums francs – provient d’un artisan sélectionné avec soin, gage de qualité même pour ce type de douceur.
Un lieu multifacette : entre terrasse bucolique et grande salle d’auberge
Le contraste entre l’intérieur et l’extérieur fait partie des points forts de la maison : on passe d’une salle au décor chaleureux et artistique à un vaste espace en plein air, structuré par quatre terrasses. La campagne s’invite au cœur de la ville, l’ombre des tonnelles apaise les soirs de chaleur, les jets d’eau et plantations apportent la touche de fraîcheur attendue au sommet de Nice. Les enfants gambadent sans déranger, les adultes s’attardent autour d’un digestif, et la magie du lieu opère en toute saison, transformant chaque repas en expérience suspendue.
Parmi les habitués, certains plaisantent en parlant de la Locanda comme de la « cantine de Saint-Philippe » : il est vrai qu’en semaine comme le week-end, le restaurant ne désemplit pas, mais sans jamais perdre de son âme. C’est cette capacité à préserver l’intimité et la convivialité, même dans les périodes d’affluence, qui signe la réussite du lieu.
L’ADN Locanda : discrétion, âme de quartier et excellence italienne
Il faut sans doute insister sur la dimension « nichée » du restaurant : loin des circuits touristiques, la Locanda attire une clientèle fidèle qui goûte à la fois l’excellence de la table et le charme unique de cette toute petite rue, discrète parmi les collines, où le temps s’arrête pour mieux savourer. Paolo et Audrey ont su donner à la Locanda une âme de quartier, un style inimitable, fondé sur le respect des traditions culinaires mais aussi sur une ouverture à l’art et à l’amitié. Rien n’y est figé, et chaque visite offre son lot de nouveautés : la carte change, les œuvres exposées se renouvellent, le jardin évolue selon les saisons.
Ici, pas d’effet de mode, mais une recherche constante d’authenticité : des produits justes, une saisonnalité respectée, un accueil qui ne triche pas. Loin des tables anonymes du centre-ville, La Locanda joue à fond la carte du lieu caché, intimiste, parfait pour les repas en amoureux ou les grandes tablées entre amis. Cette harmonie entre cuisine maison, service personnalisé, décor bucolique et ambiance de village fait de ce restaurant un incontournable de la gastronomie niçoise.
La Locanda n’est pas simplement un établissement où l’on vient manger : c’est une véritable parenthèse enchantée sur les hauteurs de Nice, un refuge confidentiel pour les épicuriens à la fois exigeants et décontractés. On y savoure les meilleurs produits d’Italie, travaillés avec cœur, dans un écrin de verdure et de sérénité. Une adresse précieuse, presque secrète, que l’on garde pour soi… ou que l’on partage, à voix basse, avec ceux qu’on chérit.